J’ai toujours haï les mouches. Petit enfant j’en avais peur et
j’implorais ma mère de les éloigner en m’écriant : « a peu a
mouc ». Ce furent mes premiers éléments de défense.
Les mouches aiment le sang, la merde et la décomposition. C’est leur
raison d’être. Je sais qu’elles jouent
un rôle dans notre biosystème si brillant. Mais je leur dénigre le droit
d’exister et de cohabiter avec l’homme. Elles ne peuvent bénéficier d’aucuns droits de l’homme, ni
d’une quelconque justice. Certaines se radicalisent et s’organisent pour me
faire chier (au sens figuré) dès le printemps. C’est ainsi que je déploie des
protections comme le voile anti-mouche appelé moustiquaire. J’encourage les
araignées (mes alliées de longue date) a les combattre avec leurs toiles efficaces. Je
disperse quelques fleurs ou plantes comme, le basilic, le géranium, et la menthe qui repoussent un peu ces
combattantes sanguinaires. Certains
pensent que les mouches sont capables de spiritualité, que la foi religieuse
les poussent a l’action mais nous n’avons pas de preuves. La mouche sait se
dissimuler et se reproduire rapidement. La mouche est envahissante et on a
l’impression parfois que même en les détruisant, elles ne sont qu’étourdies par
les coups et reviennent vous terroriser
par leur présence lancinante. On peut observer certaines différences entre les
mouches. Certaines sont grosses, d’autres petites et rapides, certaines sont
vert émeraude, d’autres d’un bleu profond. Mais pour moi elles se ressemblent
toutes. Ma seule façon de gérer les mouches est de les écraser avec le plat
de ma main ou aidé de ma tapette favorite. J’assouvis certes un plaisir sadique
de vengeance et de salubrité domestique, mais je sais que mon action est
éphémère et peu susceptible de les éradiquer. Car la vraie question est :
Pourquoi y a-t-il autant de merde et de sang pour les nourrir ?
Je vous renvoie à la lecture de la pièce de Jean-Paul Sartre dont je vous
livre un petit texte décrivant leur caractère.
Les Mouches - Érinyes
Contrairement aux Érinyes de
la mythologie grecque qui punissent les crimes contre la famille, les mouches
de Sartre sont les déesses de la repentance. Jusqu'au moment où Oreste et
Electre commettent leur crime, les Érinyes se manifestent comme des mouches.
Elles sont partout en ville, mordent ses habitants pour les punir de leurs
péchés. Les Argiens accueillent les mouches et demandent à être punis pour
leurs crimes. En parlant avec Electre, les Érinyes confondent l'amour et la
haine : ils détestent les pécheurs et de devoir les punir, mais ils le font par
amour afin d'aider les pécheurs à expier leurs crimes.