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dimanche 30 octobre 2011

Monsieur Lazhar

Le dernier film de Philippe Falardeau (Congorama...) est une réussite . Sa nomination pour les prochains Oscars du film étranger est totalement juste même si ce sera le public qui récompensera cet auteur. Plusieurs thèmes se superposent dans ce film à la facture classique mais maitrisée. Un point clair, ce réalisateur nourri comme d'autres artistes de son expérience lors de la course autour du monde (années 90), a un regard ouvert sur la complexité du monde et a une capacité d'entrainement si on en juge par la direction des acteurs enfants. Ce film se déroule en effet dans une école au Québec durant toute une année scolaire. Le point de départ est le suicide d'une enseignante par pendaison dans sa classe qui sera le trauma de l'élève découvrant cet horrible spectacle puis du choc de toute la classe. Au passage le suicide sur le lieu de travail (très fréquent en France) semble être le révélateur d'une sourde angoisse dans certains métiers. Le rôle de l'enseignant et la pression subie de l'extérieur (parents, administration...) sont les thèmes apparents du film de Philippe Falardeau. Intervient alors Monsieur Lazhar, exilé algérien arrivé au Québec pour reprendre un autre parcours dans l'enseignement. Il vient proposer de remplacer Martine l'enseignante décédée pour gérer l'après et poursuivre l'année scolaire. La aussi un autre thème sur l'échange culturel apparait. Mais très vite le personnage lui-même démythifie au cours d'une scène avec une enseignante, cet aspect. Les migrants cherchent plus souvent à obtenir des papiers, des ressources, du travail , qu`à échanger sur les mérites respectifs de leur culture. Il est bien sur de bon ton, et souvent drôle, de comparer l'"attitude" orientale et occidentale (canadienne) en matière d'éducation et de contact avec les enfants. L'usage de la langue est un autre aspect fort intéressant de ce film. La maîtrise du français par cet enseignant algérien titille le milieu enseignant et les parents qui parfois délaissent la rigueur au profit du fonctionnel. La dictée inspirée d'auteurs classiques français va cliver la classe et provoquer des réaction de rejet. La complicité immédiate entre Monsieur Lazhar et un jeune élève maghrébin se fera au moyen de l'arabe, preuve de l'importance des langues dans l'échange. Bien sur, le sujet principal du film est bien développé, à savoir comment écouter la douleur des enfants qui ont subi ce choc psychologique (culpabilité individuelle et collective) suite au drame. Au passage on constate le peu d'impact sur les collègues eux-même qui ne semblent pas plus surpris que ca du geste de Martine. Mais au delà on découvre les zones d'ombre de la vie de Monsieur Lazhar. La fuite de l'Algérie où l'on meurt dans des combats ou des attentats, vers le Québec ou l'on ne sait même plus pourquoi on meurt. La juxtaposition de l'Orient et de l'Occident prend ici un relief tangible. Quelques scènes nous montrent l'effort d'intégration de cet exilé algérien qui porte la cravate, boit du vin rouge sans y prendre un plaisir particulier. (Il préfère le thé).
Le film de Philippe Falardeau est inspiré d'une pièce de théâtre (comme Incendies) avec ce personnage de Monsieur Lazhar (issu sans doute de Lazare ressuscité par Jésus). L'interprétation de Fellag, comédien humoriste de talent, est juste et sincère. Son élégance naturelle donne de la légèreté à ce film grave et multidimensionnel. Autant dire qu'avec ce film abouti, le réalisateur se démarque du lot des cinéastes québecois trop souvent imbus de leur personne et "auteurs" de films sans hauteur.

vendredi 22 avril 2011

Reflexions politiques


En France la campagne pour les présidentielles bat son plein depuis déjà plusieurs mois...Cela signifie que toute l'action politique est concentrée sur cet objectif sans s'attacher à résoudre les problèmes des Français et en faisant assaut de promesses et de démagogie. Ainsi la lente décrépitude des institutions se poursuit en favorisant la pasionaria du racisme et des solutions simples...Marine Le Pen qui se balade seule en tête sans souci d'alliance, ni de primaires...Mais vraiment ca sent le moisi en 2011 en Europe
En parallèle ici au Canada nous avons des élections nationales déclenchées une fois de plus sans souci de calendrier (toujours pas d'élection à date fixe !) mais par souci tactique de la part de tous les partis de ce vieux système. Il faut s'attendre à un faible taux de participation car depuis fort longtemps les Canadiens ont renoncé à espérer quoique ce soit de nouveau venant des élections.
La campagne dure deux mois et non deux ans comme en France, et ensuite pfffuit plus de politique jusqu'à la prochaine. Seule surprise le NPD (social-démocrate) déjoue un peu les pronostics et empêchera les conservateurs d'obtenir la majorité absolue dont ils rêvent. Donc retour à la case départ avec 300 millions de $ dépensés pour rien en affiches plates et sans programme de rechange.
Donc l'Europe s'entredéchire et s'entraine à gérer les vagues de migration qui vont la faire imploser bien plus que l'ampleur de sa dette.
De l'autre côté de l'Atlantique on joue à se faire Harper sans sortir d'une logique économique éprouvée et d'un système social encore généreux.
Et la Reine Élisabeth vient d'avoir ses 85 ans... C'est dire si on sait s'adresser aux jeunes !